Hommage à la Piriñaca

 In Chroniques

pochette blanche avec un dessin de la Pirinaca chantant assise sur une chaise de boisTía Anica la Piriñaca

Toujours un mouchoir à la main, le chant ancien des gitans, le cante jondo, se déversant comme un torrent irrémédiable, Tante Anica, Ana Blanco Soto (1899-1987), a marqué Jerez de la Frontera de son art. Celle qui n’était pas gitane, ou si peu, pourtant mariée à un gitan, a vécu, sa vie entière parmi la communauté gitane de Jerez. Les vieilles seguiriyas [1] du style jerezano n’avaient aucun secret pour celle qu’on appelait aussi La Piriñaca. Avec María La Sabina, Camarón de la Isla, El Borrico de Jerez, Terremoto de Jerez ou encore Manuel Agujetas, elle fit partie de ces figures essentielles du flamenco au XXe siècle. Sa carrière n’a débuté qu’à la mort de son mari, opposé à sa pratique du chant. Un disque, enregistré en 1965 en compagnie du guitariste Manuel Morao, compagnon régulier de Terremoto, est le témoignage rare de son art. D’autres viendront ensuite, en 1977 et 1978. Brûlante et déchirante, nourrie du dénuement et du labeur, sa voix coule, comme le métal fondu de la forge andalouse.

À voir et écouter :

Documentaire réalisé par José María Velázquez

Tía Anica La Piriñaca, Grands Cantaores Du Flamenco – Volume 19, Le Chant Du Monde, 2011 (1986).


[1] Un des plus anciens chants du flamenco, initialement chanté à « palo seco », à voix seule. Improvisée, la seguiriya a le plus souvent une couleur tragique, renforcée par sa lenteur et par un motif mélodique descendant à la guitare ponctuant la pièce.