Le flambadou

 In Chroniques

Cuisine, instruments et musique, nous y sommes.

Le flambadou, aussi appelé capucin dans d’autres régions, indispensable instrument pour des cuissons à la broche. La bête ou un de ses morceaux, empalés sur la tige ou enfermés dans la cage du tourne-broche, commencent à tourner face au rideau de flammes générées par des petites bûches d’essences variées, un peu de buis, un peu de chêne vert et quelques morceaux de châtaigner pour les étincelles.

Derrière le rideau de flamme, deux, voire trois flambadous posés sur la braise, rougissent de plaisir, pas de honte ! Pourquoi deux ou trois ? Parce qu’il faut toujours avoir plusieurs fers au feu.

Allez, ne vous énervez pas, je vous explique !

Le flambadou, c’est un cône en tôle épaisse, percé à l’embout et fixé au bout d’une longue tige également en fer. La bête, une pintade par exemple, tourne, tourne. Sa peau crépite, grésille… mais avez-vous pensé aux replis de cette carcasse ? Sous les ailes, sous les cuisses, le feu n’entre pas…

Les flambadous entrent alors en scène ainsi que leur petite musique. Les flambadous sont rouges, comme un fer à la forge. On glisse dans la grande ouverture du cône un morceau de lard « gras salé » (lard du Languedoc), on porte le flambadou ainsi rempli dans la flamme. Le lard fondant s’enflamme et tombe en gouttes enflammées sur la bête.

La musique, c’est la chute des gouttes enflammées que l’on dirige sur les parties protégées du feu. Le petit chuintement, dont le rythme est lié à la chaleur du flambadou, à la consistance du lard et le son, à la hauteur de la chute. Bref, la musique du flambadou, c’est un peu le Stradivarius de la cuisine.

Le premier flambadou refroidi, on saisit le deuxième. La musique devrait être un peu différente… A-t-on déjà vu des violons jumeaux ? Après on passe au troisième et si nécessaire le premier aura été remis au feu.

C’est une cuisine que n’aurait pas renié Vulcain.

Après on a mangé la pintade et elle était bonne !


Photo : Philippe Devisme, pendant le confinement…