Enrubannons titi

 In Chroniques

Voici une interview au vitriol contre la gent féminine que nous voulons « composter ».
Nous voulons user de cet art subtil de l’anagramme pour en faire une vraie interview.
Il ne s’agit pas d’inventer une histoire, il ne s’agit que de translater cet état d’esprit depuis ses lettres nauséabondes de ce sire sans adjectif.
Il s’agit de créer une autre réalité augmentée de ce supplément d’âme en malaxant, aimant les lettres de cette parole.

 

La musique et ses représentants : entretien sur la musique, Anton Rubinstein 1892, Heugel.

— Pendant tout notre entretien vous n’avez parlé des femmes qu’à propos du chant ; est-ce oubli ou intention ?

— Le nombre va toujours en augmentant des femmes qui exécutent ou qui composent ; mettant à part le chant, dans lequel elles atteignent une véritable supériorité, j’y découvre un signe nouveau de la décadence de notre art.

Il manque aux femmes deux qualités principales, pour l’exécution comme pour la composition : de la subjectivité et de l’initiative. Dans l’exécution, les femmes ne peuvent s’élever au-dessus de l’objectivité entre (l’imitation) ; il leur manque, pour la subjectivité, le courage et la conviction.

Pour la création musicale, elles ne sont pas capables de s’absorber assez profondément en leur âme, de se concentrer, elles n’ont pas assez de force de réflexion, d’élévation d’idées, ni assez de vigueur dans ce que j’appellerai le « coup de brosse ». Il est tout à fait incompréhensible que la musique, l’invention de l’esprit humain à la plus noble, la plus intime, la plus émouvante, la plus charmante, la plus fine, ne soit pas accessible à la femme (le même phénomène se remarque dans l’architecture, ce qui est une nouvelle preuve de la parenté de ces deux arts) ; qui réunit pourtant en elle toutes ces qualités. Et pourtant elles ont composé des œuvres assez remarquables en poésie, en littérature, en peinture et même dans les sciences. Les deux sentiments qui leur sont les plus familiers, l’amour et le sentiment maternel, ne trouvent pas chez elles d’écho dans la musique. Je ne connais pas de duo d’amour ni de berceuse de la main d’une femme. Je ne veux pas dire qu’elles n’en aient pas composé, mais ni un de ses duos ni une de ses berceuses n’est restée comme type du genre par sa valeur artistique.

— Ce n’est pas flatteur pour notre sexe ; mais si c’était vrai, il nous resterait pourtant l’espoir, puisque les femmes qui se vouent à la musique sont si nombreuses, qu’avec le temps elles pourront se manifester autant par la qualité que par la quantité. Peut-être sera-ce parmi les femmes qu’on trouvera le futur Beethoven et le futur Liszt tant attendu ?

— Je ne serai plus de ce monde à ce moment-là. Gardez donc cet espoir.

 

Nous avons compté grâce à notre super programme de comptages, les lettres de cette interview. Il y a donc 122 A, 17 B, 52C, 50 D, 303 E, dans un premier pentagone de lettres à redistribuer. Une redistribution qui s’est faite en harmonie évidemment avec les autres comme 17 F, 7 G, 9 H, 96 I, 9 J. Ainsi de pentagone en pentagone nous avons avancé dans ce puzzle alphabétique en compostant et en inventant. Il y a eu 0 K, 101 L, 62 M, 118 N, 0 80 et puis 55 P, 26 Q, 87 R, 133 S, 122 T et pour finir nous avons puisé dans une quintette de lettres finales 113 U, 26V, 10 X, 2 Y, 7 Z.

L’exercice a été ardu et vivifiant. Le manque de W a finalement porté ses fruits pour réinventer en restant avec des mots de tous les jours vu que le W a tendance à nous pousser dans les extrêmes langagiers. Nous vous donnons à lire ce compost comme un acte de redressement, un acte qui nous offre de l’air pour avancer dans ce monde rêvé de tendre aise.

Enrubannons titi

— Anton Rubinstein répond d’âme menue. En choc ut. Pensez-vous que sa réponse volt fait-tout d’art potentiel ?

— Non et non, cette réponse zeste un point nébuleux parmi les points noirs de ce monde. Avons-nous besoin d’argumenter ? Poser la question c’est répondre. La substance nauséabonde de ce qui est posé nous attable au zut de cette abjection nommée la haine des femmes. Que répondre ? Puisque cette parole semble pulser vaste comme un contre-point. On appose ceci : exercer à la poésie, et en cette poésie de l’âme, la littérature inclusive et non-sexiste. Pousser les Anton Rubinstein au péplum d’abjection.
Rassembler les miettes de ce monde désintégré pour un puzzle capable de nous mener de nouveau vers cette âme montagne : les humains et humaines à la même élévation. Quel beau vent. Quelle que soit la cellule de ce nouveau monde, quelle beauté. L’exquis supplément d’âme.

Mais est-il possible d’approcher l’effet idéal trustant sans déconstruire systématiquement tout ce qui nous tient au monde d’avant ? Une fois c’est non.
Il s’agit de créer un œil nouveau dans la nuit noire d’aujourd’hui.

C’est ainsi que l’estampillée nuit un ciel naîtra, vivra flavescent.
L’homme s’acclimate, la femme s’acclimate, s’accorderont flan jour.
L’effeuillé jour à jamais salutaire. Frutescent.
L’arc-en-ciel maximal, tendre aise tempête.
Va simplifier les îles entre sexes masculins et sexes féminins.
Soudain, les mondes de machistes sans vol atterriront au pied de nos dames qui en feront juste des êtres humains.

Lovant les simples vœux titillés pour conjurer ce mauvais sort qui nous ensauvage de plus en plus.

Conduire à la vague source et se protéger mutuellement.
Pour terminer ce bon duvet plaidoyer, je dirais qu’un réflexe serait d’isoler ces pensées. De les exécuter. De les émasculer.
Temps. Temps. Temps. Partir successivement quelque part entre les azurs. Soufflement.
Quelque part dans la fraternité des pèse-bébés.
Quelque part sur la tendre aise éveillée planète.
Quelque part à inventer l’art quotidien.
Quelque part à pomper l’aventure humaine en la plénitude totale.
Faire place méticuleuse au puzzle sentimental.


Illustration : Anton Rubinstein (ca. 1915) photographié par George Grantham Bain.