Harpistes sans frontières

 In Chroniques

Créer une revue culturelle vous donne ce grand avantage de rencontrer des personnes passionnantes et passionnées, un regard sur la musique ou la cuisine que vous n’auriez même pas envisagé, et vous permet aussi de découvrir des projets dont vous avez envie de parler, que vous avez envie de défendre. De quoi raconter de belles histoires.

Et en voilà une, de belle histoire, dont j’ai eu vent par une vieille connaissance.

Si la mondialisation des échanges capitalistes et financiers est plus que contestable par certains aspects, la mondialisation et la facilitation des échanges tout court, elle, a ceci de génial de permettre aux gens, de part et d’autre de la planète, d’être en contact si simplement qu’on en a oublié le papier cigarette bleu des envois « Avion » et leur jolie enveloppe aux contours bleu blanc rouge ou encore l’indicatif 19 et ses prix exorbitants. La toile vous enveloppe et vous porte que vous soyez en Australie, en Géorgie, en Écosse ou à Iguazu.

Reste que cette facilité technique de communication est ce qui manquait à l’incroyable motivation, teintée d’un grain de folie (elle le reconnaît elle-même) d’Aude Fortict, professeur de harpe aux Conservatoires de Marmande et d’Agen.

À la faveur d’une rencontre de harpistes organisées à Toulouse en 2012, elle fait la connaissance d’un groupe irlandais resserré autour de Janet Harbison, ainsi que du harpiste compositeur François Pernel. Deux rencontres déterminantes qui ne tardent pas à donner naissance à un projet d’envergure : faire voyager harpes et harpistes vers l’Irlande pour y échanger sur la pratique de l’instrument, concevoir des morceaux communs, partager un moment de grâce au pincer de cordes.

Mais Aude Fortict ne s’arrête pas là. Fort de la réussite de ce projet exaltant, elle fonde Harpinbag (du geste délicat de mettre la harpe dans son étui pour ces grands voyages) et s’engage dans un nouveau projet encore plus fou et encore plus lointain : mener ses comparses harpistes, dont les plus jeunes ne sont pas encore au collège, au-delà des océans à la découverte de l’autre pays qui met la harpe à l’honneur : le Paraguay. En bonne éclaireuse, elle part un mois à Asunción, la capitale, et finit par débusquer son alter ego paraguayen : Marco Lucena, à la tête du collectif Las Arpas Digno Garcia del CMML.

Mais un tel voyage ne s’organise pas sans une préparation rigoureuse et les soutiens ad hoc. Imaginez, un « aller » en juillet 2019 des musiciens de Harpinbag et leurs instruments vers Asunción, la création d’une œuvre d’ensemble, le « retour » des musiciens Asunción vers le Lot-et-Garonne, des locaux pour accueillir tout ce petit monde…

Le ventre et l’oreille ne pouvait faire autrement que de vous conter cette aventure humaine et musicale, au plus près. Véritable porte-parole de la beauté et du plaisir de jouer cet instrument dont elle est tombée en amour, Ambre, jeune harpiste de 12 ans, et fille de la vieille connaissance dont je vous parlais plus haut, sera le reporter idéal sur place, pour témoigner de cette curieuse, mais magnifique épopée vers les terres paraguayennes.

Encore faut-il que les deux collectifs réunissent matériel et subsides pour effectuer ce voyage dans les meilleures conditions. Donc, amis musiciens, compositeurs, férus de toutes musiques, n’hésitez pas à faire connaître ce projet autour de vous auprès de ceux qui pour apporter leur aide, logistique ou trébuchante : une cagnotte en ligne a été ouverte à cet effet.

Parce que la musique est avant tout affaire de partage, et qu’il est urgent de mieux connaître tous ceux qui partagent notre folie par-delà les océans.


Tout savoir sur ce projet pour mieux le soutenir

Photographie : © Harpinbag

 

Opéra National de Paris 2019 IL PRIMO OMICIDIO Direction musicale: René Jacobs Mise en scène/Décors/Costumes/Lumières: Romeo Castellucci Collaboration artistique: Silvia Costa Dramaturgie: Piersandra Di Matteo, Christian Longchamp x, Caino: Kristina Hammarström x, Abel: Olivia Vermeulen Eva: Brigitte Christensen Adamo: Thomas Walker (Voce di) Deo: Benno Schachtner (Voce di) Lucifero: Robert Gleadow Choeur d'enfants de l'Opéra national de Paris