Henri Texier : Varech
La naissance d’un genre
Varech est comme une mise en bouche. Henri Texier y débute, après un premier disque, sa carrière en solo. Après des années auprès de Don Cherry en sideman, après une carrière plutôt free, à une époque où le Workshop de Lyon émerge aussi, il prend son envol. Comme les musiciens du collectif lyonnais ARFI (Association à la Recherche d’un Folklore Imaginaire), il tisse des liens sincères et solides avec les traditions musicales de France. Plus tard, sa route croisera celle d’un ancien du collectif, Louis Sclavis. Henri Texier est un voyageur. Voyageur comme les ceux de la Bretagne de ses origines. Voyageur aussi par les influences musicales déployées dans Varech : le Maghreb, l’Inde, l’Afrique, le Brésil. Texier participe à cette époque, à la fondation d’un jazz spécifiquement français.
Le goût iodé du voyage
On pourrait presque intituler cet album : iode et marée, à travers sables. Son bonnet résolument vissé au crâne en capitaine de chaloupe, la contrebasse en godille, il nous guide à travers les dunes. Sans complaisance, il sait envoûter. De son archet, il transforme la contrebasse en Bhuyabaja ou en Berimbau, électrisant l’échine de l’auditeur avec ces cordes frappées si caractéristiques, saturant l’espace d’harmoniques. Au oud, qu’il fait sonner comme une contrebasse, il compte un ailleurs bien campé. Comme Don Cherry auquel il rend hommage dans « Mr Donald Cerise », il aime à humer les parfums musicaux du Moyen-Orient et d’Afrique. Comme le regard clair du contrebassiste, sa musique est à la fois intérieure et prenante. Découvrir Varech, c’est entreprendre un long voyage dans la discographie d’Henri Texier, peuplée d’Indiens, d’Africains, de gens de l’Est, de sable et de souvenirs : tout ce qui fait le sel de la vie.
La postérité de Varech
La postérité est faite d’inattendu. Le premier morceau de l’album, « Les là-bas », a notamment été passé à la « mixette » de Bonobo. D’autres titres ont été utilisés par des DJ.
Références
Varech, Henri Texier — 913 087 — 1 LP Eurodisc, 1977
Henri Texier : contrebasse, oud, flûte, bombarde, fender, percussion.
Face A
- Les « Là-Bas »
- Quand Le Blues S’en Ira
- L’éléphant
- Terre-Basse
Face B
- Varech
- Mr Donald Cerise
- Angèle
- L’écluse
- L’ultime Danse