Randy Weston : African Cookbook

 In Discomanie

Pochette de l'album African Cookbook de Randy Weston

Le 1er septembre 2018, Randy Weston est parti et la planète Terre a perdu une de ses âmes les plus exemplaires. Je lui ai d’ailleurs rendu hommage au cours d’une émission sur Radio Fréquence K.

La disparition d’un géant

Il avait 92 ans et mesurait 204 centimètres qu’il portait droits et intacts jusque dans ses derniers instants, livrant toutes ses missions complètes et en pleine forme. Mr. Weston, connu surtout comme l’un des plus grands et des plus influents pianistes et compositeurs de l’histoire du jazz, était également renommé pour ses activités humanistes, culturelles et éducatives (il a reçu le titre de docteur honoris causa de plusieurs universités). Randy était le lien le plus solide entre l’Afrique et l’Occident, ce qui lui a valu le titre (unique) de « Griot panafricain ». Sa carrière et ses activités dans tous ces domaines n’ont jamais faibli… durant toutes ces décennies !

Des fourneaux au piano

Randy Weston est né et a grandi dans un foyer modeste de Brooklyn. Comme la majorité des jazzmen de son époque, il a touché à beaucoup d’autres jobs. Prenant les mêmes chemins que son père, il a testé le métier de coiffeur, de vendeur de disques… et de cuisinier. À son retour de l’armée, réunissant son amour pour la musique et son plaisir de cuisiner, il a repris le diner (restaurant décontracté, typique de cette époque aux États-Unis) de son père. Au menu, Soul food (cuisine traditionnelle des noirs, absolument délicieuse) via sa mère (venue de sud profond des USA) et les petits plats relevés des îles, contribution de son père (qui avait des origines panaméennes et jamaïcaines). Autrement dit, il servait ses racines culinaires, la nourriture qu’il avait connue et apprise à la maison, sans doute préparée avec de l’amour et du swing.

La bonne bouffe, renforcée par l’ambiance créée par le juke-box, remplit des singles les plus « hip » de l’époque, a rapidement attiré les clients au diner de Randy. Parmi eux, il y avait ses idoles musicales, telles que Duke, Count et Monk, qui appréciaient ses plats, mais l’encourageaient à entretenir ses atouts de musicien ! Cette avec l’insistance de Thelonious Monk (un de ses héros) qu’il s’est lancé sur scène et rapidement au disque, en 1954. Son premier album lui a valu le titre de « New piano star ».

À partir de ce moment, il a rapidement endossé ce rôle, laissant le métier de chef de cuisine derrière lui tout en gardant les concepts et approches de la cuisine dans le développement de sa musique et dans sa manière de composer. Ses ouvertures musicales comportent souvent des ingrédients ou épices… comme dans l’art culinaire.

Un album emblématique

« African Cookbook » est initialement une des compositions les plus représentatives de Randy, publiée dans l’album Randy! (Băp!! Beep Boo-Bee Băp Beep-M-Boo Bee Băp!). Il reflète les nombreuses facettes de Mr. Weston, ses idéologies musicale et culinaire, son attachement aux cultures africaines, à la littérature, aux recettes anciennes, à l’éducation universelle. Ce titre est ensuite devenu le nom d’un de ses albums, paru pendant une de ses périodes creuses. L’album African Cookbook, incluant la version originale de ce morceau, fut initialement produit par Randy en 1964 et parut sur son label Bakton Records en 1966. L’album reste presque inconnu jusqu’à 1972, date de sa réédition par le label Atlantic.

En plus d’« African Cookbook », cet album expose quelques-unes de ses compositions phares, telles que « Berkshire blues » et « Portrait of Vivian », qui deviendront des standards repris sur plusieurs de ses albums. Sur cet album, il n’est pas en compagnie de son équipe habituelle, mais il y a cependant le saxophoniste texan habitué de Charles Mingus, Booker Erwin. L’arrangement est assuré par le trompettiste Ray Copeland, compagnon régulier de Monk. Seul son pote de toujours, le percussionniste Big Black est présent (et reste aux côtés de Randy jusqu’à la fin de sa vie). La version le plus subliminale du morceau « African Cookbook » est parue sur son album The Spirits of our ancesters, produit sous le label Polydor France, en 1991, avec les arrangements de sa très chère Melba Liston, ainsi que les contributions de Pharoah Sanders et Dizzy Gillespie.

Références

African Cookbook, Randy Weston — 8122-79686-5 — 1 CD Atlantic, 2013 (1966)

Contrebasse : Vishnu / Congas : Big Black (titres 4 à 6) / Batterie : Lenny McBrowne / Percussions : Sir Harold Murray (titres 4 à 6) / Saxophone ténor : Booker Ervin (titres 1 à 6) / Arrangements, trompette & bugle : Ray Copeland (titres 1 à 6) / Piano & compositions (exept. 4) : Randy Weston / Peinture : Ogundipe Fayomi

  1. Berkshire Blues
  2. Portrait Of Vivian
  3. Willie’s Tune
  4. Niger Mambo
  5. African Cookbook
  6. Congolese Children
  7. Blues For Five Reasons

 

terence hill dans le rôle de trinita, mangeant des haricotsPersonne en train de faire de la percussion sur son crane