The Washer of Dishes–After Cooking (Le Laveur de vaisselle – Après la cuisine)
He doesn’t need much,
not a new dwelling,
not a new occupation,
but he does need a kitchen sink
over which he can
open the spigot, wet the sponge
squeeze on soap, flex the hands,
urge the shoulders into it,
fully engage all the musculature
of the upper body.
He’s fast, but it’s been years
since he’s timed himself
scrubbing through a tub of dishes,
glasses, pots & pans,
riveted—a quixotic focus.
He used to count off seconds
as he scrubbed one glass
after another; now he loses count
in the act of drying.
To avoid the dangers
of splintered crockery, blood on a knife,
he employs the right grip—
a balance between tight
and super-careful,
for all the soapy surfaces
challenge his flesh.
After the music stops
and the kitchen’s clean
and everything’s put away,
he crowns himself
Prince of the Dishes.
When young,
he was kept out of the kitchen—
no man’s land.
Now he’s master of that universe,
but he’s developing a reputation.
***
Il n’a pas besoin de grand chose,
ni d’une nouvelle maison,
ni d’une nouvelle profession,
mais il a vraiment besoin d’un évier
sur lequel il peut
ouvrir le robinet, mouiller l’éponge
presser le savon, jouer des mains,
y engager même les épaules,
engager totalement tous les muscles
du torse.
Il fait vite, mais il y a des années
qu’il s’est programmé
pour récurer une cuve d’assiettes,
de verres, de pots, de poêles,
fixant — un objectif chimérique.
Il pouvait compter les secondes
en récurant les verres ;
maintenant il perd le compte
en les essuyant.
Pour éviter les dangers
de fêle sur la vaisselle, de sang sur un couteau,
il connaît la bonne prise —
un équilibre entre serré
et archiprudent,
car toute surface savonneuse
défie sa chair.
Quand la musique s’arrête
que la cuisine est propre
et que tout est rangé,
il se couronne
Prince des Assiettes.
Dans sa jeunesse,
on l’écartait de la cuisine —
no man’s land.
Maintenant, il est maître de cet univers,
mais il se forge peu à peu une réputation.
Traduction : Marilyne Bertoncini
